Combien NOUS coûte le terrorisme ?

Michel Garroté
Politologue, blogueur

EI-4

   
Michel Garroté - Bonne question. Car il est vrai que la terreur islamique ne se contente pas de TUER. En plus elle NOUS coûte cher. Ci-dessous, la réponse de Charles Wyplosz, professeur d'économie internationale à l'Institut de hautes études internationales et du développement (IHEID) à Genève et directeur du Centre international d'études monétaires et bancaires.
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Charles Wyplosz (extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page) : On a un peu parlé du coût budgétaire du terrorisme mais pas vraiment de ce que cela implique en matière économique. L'an dernier, Michel Sapin a parlé d'augmenter les dépenses de presque un milliard d'euros. Puis les chiffres se sont succédés et l'ardoise s'alourdit inexorablement. Mais ce n'est que la pointe de l'iceberg. La perte globale pour l'économie, autrement dit pour le niveau de vie est beaucoup plus lourde, mais difficile à cerner. On ne sait pas précisément ce que l'État dépense en matière de terrorisme, et pour cause. La lutte contre le terrorisme mobilise la police et la gendarmerie, l'armée, les douanes, le renseignement intérieur et extérieur, la justice, les prisons, et bien d'autres services.
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Dans tous les cas, il faut plus de personnel, plus de moyens matériels et souvent de la haute technologie. Lorsqu'on additionne les nouvelles dépenses annoncées et plus ou moins clairement estimées, on devrait arriver facilement à 1% du PIB. À l'arrivée, ce pourrait être le double. La politique reprenant rapidement le dessus, le débat a rapidement porté sur le financement de ces dépenses. Le gouvernement a promis de ne pas lever un impôt-antiterrorisme mais de couper un montant équivalent d'autres dépenses. Comme ces mines d'or n'ont pas été clairement annoncées et chiffrées, ce sera de la dette publique supplémentaire. D'ailleurs le gouvernement s'est empressé d'avertir Bruxelles que les engagements budgétaires ne seront pas respectés.
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Tout ceci est peut-être distrayant, mais ce n'est pas le cœur du problème. Il suffit de regarder autour de nous pour constater qu'il y a bien plus que ces dépenses publiques: les services de sécurité privés sont partout, et ce n'est pas gratuit. Les coûts ont beau être noyés dans les prix de vente, ils sont bien là. Des dizaines de milliers d'entreprises consacrent des sommes importantes à la cyber-sécurité, tout comme les services de l'État, d'ailleurs. Ce pourrait bien être encore 1% du PIB, ou plus, qui sait, qui est dépensé pour nous protéger des menaces terroristes. La question n'est pas le financement de toutes ces dépenses, contrairement à ce qui mobilise les politiques. C'est bien plus sérieux. Imaginez la situation avant l'apparition du terrorisme, il y a seulement quelques années.
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Nos dépenses privées et publiques étaient consacrées à autre chose: la consommation privée, les investissements productifs des entreprises, les services de l'État, la politique sociale, etc. La sécurité anti-terroriste est une ponction sur toutes ces dépenses «normales». Si tous les efforts de cette lutte étaient complètement efficaces, nous serions dans la même situation qu'avant l'apparition du terrorisme, vivant en sécurité. Autrement dit, dans le meilleur des cas, nous serions aujourd'hui comme avant, moins 2 ou 3% de revenus. Les dépenses supplémentaires relancent la demande en période de chômage élevé ne sont elles pas bienvenues? Hélas, non. Car elles détournent du pouvoir d'achat.
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Les entreprises et le personnel qui travaillent dans le secteur multiforme de la sécurité - la police ou les spécialistes de la cyber-sécurité, par exemple - connaissent une belle expansion, mais cela se fait au détriment de tous les autres secteurs. L'effet global est nul, sauf peut-être pour la part des dépenses publiques qui sera financé par la dette, mais il faudra bien rembourser cette dette. Sur le long terme, c'est encore pire. Les dépenses de sécurité sont largement improductives puisqu'elles consistent à acheter des services dont nous ne voudrions pas en l'absence de menace terroriste.
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La seule exception est le développement de nouvelles technologies qui peuvent soit être vendues à l'étranger, soit avoir des retombées dans d'autres secteurs. Israël est un exemple de ce genre de réussite et il a des années d'avance (Note de Michel Garroté - L'UE ne cesse de critiquer Israël tout en consultant l'Etat hébreu sur la lutte anti-terroriste....).
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Pour l'essentiel, donc, les ponctions de revenus ne nous font rien de bien, ni pour la croissance future, ni pour notre qualité de vie. De plus, nos revenus collectifs sont amputés par une perte de part de marché dans le secteur du tourisme. La croissance économique est créée par le progrès technologique. Ces dernières décennies, les gains ainsi créés étaient de l'ordre de 1 à 1,5% par an. Autrement dit, ce sont peut-être deux années d'innovations et d'efforts de productivité qui sont annihilées. Pire même, la croissance elle-même devrait pâtir d'une baisse de dépenses productives, publiques et privées. Bien sûr, l'importance de ces coûts ne signifie pas qu'il faut renoncer à assurer la sécurité des Français.
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D'ailleurs une majorité écrasante est en faveur de plus de dépenses. De toute façon, nous n'avons pas vraiment le choix. Mais cette situation n'est pas près de changer et il faut savoir ce que cela va représenter en matière de niveau de vie, conclut Charles Wyplosz (fin des extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page).
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Introduction, adaptation et mise en page de Michel Garroté
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http://www.lefigaro.fr/vox/economie/2016/08/22/31007-20160822ARTFIG00250-combien-coute-le-terrorisme.php
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Un commentaire

  1. Posté par Tommy le

    Et ne négligeons pas le coût des contrôles dans les aéroports, causé par les tenants d’une religion que je préfère ne pas nommer, sous peine d’être, encore une fois, censuré.

Et vous, qu'en pensez vous ?

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