Les sens de l’armée

Jacques-Simon Eggly
Jacques-Simon Eggly
Ancien Président des Suisses de l'étranger, ancien CN, journaliste
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Insistons également sur l’aspect fédérateur d’une armée de milice qui incorpore des jeunes gens de toutes les régions du pays. Ni la cohabitation de nos cultures ni notre fédéralisme ne sont des dons du ciel acquis pour l’éternité. Il y faut un sentiment commun d’appartenance nationale, d’adhésion à une culture politique. L’armée de milice est sur ce point un élément clé. Les experts ajoutent que la qualité des miliciens impressionne souvent les observateurs étrangers et que les synergies entre expériences civiles et militaires sont loin d’être négligeables. Alors, bien sûr, il y a les pertes de temps, les instructions défaillantes, la rencontre, parfois, avec des chefs médiocres et se valorisant dans l’autoritarisme simpliste. Mais c’est un peu comme dans nombre de secteurs de la vie…

 

Une fois de plus on va voter sur l’armée. Cette fois le Groupement pour une Suisse sans armée essaye le tir de biais. Ayant échoué à obtenir sa suppression pure et simple il tente de convaincre qu’une armée purement professionnelle serait bien plus opportune. Et il veut nous persuader que ce serait bien moins cher ; l’agent dégagé pouvant alors servir à des dépenses sociales tellement plus importantes.

L’ennui pour lui est que les experts démontrent qu’une armée professionnelle serait plus chère pour l’Etat, donc pour les contribuables. Il aurait pu évoquer les entreprises dont les absences de leurs employés et cadres pour cause de service militaire posent quelques problèmes d’organisation. Mais ce n’est vraiment pas leur souci. Bref, sur le terrain en trompe l’œil qu’il a choisi dans l’idée de vider peu à peu notre armée de sa substance, le GSSA ne trompera évidemment pas la majorité des citoyens qui voteront.

Reste donc à rappeler quelques éléments d’analyse justifiant notre armée de milice.  Il est vrai qu’elle n’a pas eu à se battre contre des ennemis extérieurs depuis la création de l’Etat fédéral en 1848. On se souviendra tout de même qu’elle a préservé l’unité du pays lors de la guerre du Sonderbund. Mais, surtout, avec tous les problèmes et les couacs que les historiens ont débusqués elle a été déterminante lors des deux guerres mondiales qui ont ravagé l’Europe. Elle a été la pierre angulaire d’une politique de Neutralité qui nous a valu notamment la Croix rouge internationale et toute la Genève internationale au service de la paix et du monde. Au travers de variations  et de turbulences notre armée de milice a été et demeure un volet essentiel de notre politique de sécurité, de notre politique étrangère.

Et pourquoi de milice ? Autour d’un noyau de cadres  professionnels les citoyens miliciens donnent la substance humaine, démocratique à cette volonté de défense sans laquelle un pays accepte de ne plus avoir de prise sur son destin en cas de malheur. Bien sûr, personne n’imagine encore un risque direct d’invasion. La continuité dans une préparation limitée mais de qualité à la défense du pays, donc la préservation d’un cœur de compétences n’en est pas moins nécessaire. Et c’est bien ce que les autres pays attendent de nous aussi.  C’est une affirmation identitaire à la fois matérielle et politique. On aimerait que s’étoffe le volet de la participation  à des actions de paix sous l’égide de l’ONU. Il s’agit d’un débat qu’il convient de mener contre les tenants d’une conception trop axée sur la défense du territoire. Mais c’est une autre discussion.

Insistons également sur l’aspect fédérateur d’une armée de milice qui incorpore des jeunes gens de toutes les régions du pays. Ni la cohabitation de nos cultures ni notre fédéralisme ne sont des dons du ciel acquis pour l’éternité. Il y faut un sentiment commun d’appartenance  nationale, d’adhésion à une culture politique. L’armée de milice est sur ce point un élément clé. Les experts ajoutent que la qualité des miliciens impressionne souvent les observateurs étrangers et que les synergies entre expériences civiles et militaires sont loin d’être négligeables. Alors, bien sûr, il y a les pertes de temps,  les instructions défaillantes, la rencontre, parfois, avec des chefs médiocres et se valorisant dans l’autoritarisme simpliste. Mais c’est un peu comme dans nombre de secteurs de la vie. Certes, bien des choses sont à maitriser, améliorer. Mais là encore. Sans doute, beaucoup échappent au service militaire. Assurément les réflexions sur un vaste service national méritent discussions. Tout cela n’invalide en rien le fait que notre armée de milice, avec le principe de l’obligation de servir fait partie de notre histoire, de notre présent et doit nécessairement faire partie de notre avenir. Vouloir sa mort c’est ne plus comprendre ni vouloir vraiment la Suisse.

Jacques-Simon Eggly

Un commentaire

  1. Posté par Eddie Mabillard le

    J-J.Langendorf, a écrit « Un digue au Chaos ». Il donne aussi des conférences je l’ai entendu dernièrement sur le sujet de la votation du Gssa, il a cité un Américain qui vantait l’armée de milice, mais oh surprise il ne citait pas l’armée Suisse mais, le Hezbollah libanais, c’est la seule armée qui a tenu tête aux Israéliens. Alors réfléchissez bien avant de voter le 22, mais surtout dites non à l’initiative suicidaire pour notre Patrie.

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