La mythologie économique qu’on tentera d’opposer à Ecopop

Thomas Mazzone
Enseignant, écrivain
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Mammon, c’est la divinité assyrienne de l’argent. On le représente parfois avec un esclave. C’est, encore une fois, par la peur du désastre économique qu’on tentera de décrédibiliser l’initiative Ecopop, laquelle, quels qu’en soient les motifs originels, propose une mesure radicale et nécessaire pour sortir la Suisse de l’engrenage de l’immigration invasive. Humainement aussi, toucher les population du Tiers Monde à la plus petite échelle sociale et naturelle, à savoir la famille, cela n’est pas si idiot! La dénomination “planification familiale” est associée au terme “volontaire” dans le texte et, en tant que telle, laisse suffisamment de liberté pour créer une dynamique qui irait à l’encontre de la précarité volontaire imposée par des dirigeants corrompus. A la place de les engraisser, on donnerait l’argent qu’on alloue déjà, à une modeste mesure de dix pour-cents seulement, là où il pourrait vraiment aider à inverser la tendance. Pour tout le reste, il est difficile d’argumenter en faveur d’une Suisse tassée en boîtes de sardines pour préserver les espaces verts. Faire de l’écologie pour ne pas en bénéficier, cela n’a aucun sens.

Cette initiative a quelque chose de plus que les autres: elle sort du champ strict de l’électoralisme pour proposer une réflexion de longue haleine sur des problèmes qui dépassent largement l’aspect économique immédiat et les contraintes légales que, déjà, on nous agite: “inapplicable!” “irréalisable!”  Dire que la loi n’est pas applicable n’a donc qu’une seule conséquence: la soumission au socialisme international ou à l’économisme sans odeur ni substance.

Voyons donc un peu ce que l’on risque de ce côté-ci! Dans l’ordre, limiter la migration des personnes pourrait signifier, en premier, le manque de travailleurs. En Suisse, on nous parle régulièrement de plein emploi avec un chiffre de 3% de chômage. Cela semble d’abord crédible, mais l’examen de villes comme Genève montre que la vérité n’est pas si rose partout sur notre territoire. Ensuite, sonder rapidement les gens sur leur travail permet de voir qu’ils ne sont souvent que moyennement satisfaits et qu’ils ne peuvent pas tellement envisager d’en changer. Certains, suivant leurs compétences, regrettent de ne rien trouver dans leur domaine. En situation de plein emploi, l’employé possède des conditions telles que beaucoup de portes lui sont ouvertes et que son employeur le gâte pour éviter de le perdre. Une pénurie de travailleurs est tout aussi malsaine qu’un chômage excessif, mais la situation actuelle est bien loin d’une situation de plein emploi. On oublie aussi souvent que d’aucuns ne bénéficient plus du chômage. On oublie encore que des familles subissent les bas salaires s’ils ne sont pas démultipliés, sans pour autant que le conjoint sans emploi ne soit pris en compte par les statistiques. Dans une telle situation, l’approximation “un immigré égale un chômeur de plus” n’est pas du tout risible.

On nous dira sans doute qu’un habitant de plus crée des emplois. Certains chiffrent même ceux-ci à des quantités excédant deux. Soyons sérieux: un salaire permet-il systématiquement d’en générer deux? Après cette vaste farce, il y a les “boulots” que personne ne voudrait faire, la main d’œuvre qualifiée et les entreprises qui pourraient migrer avec leurs employés. Pour les deux premiers, la réponse sera similaire: c’est une question de formation, de moyens qu’on se donne, d’inventivité et d’ajustement naturel des salaires. “Combien cela pourrait-il coûter?” se dit-on. Cela peut tout aussi bien être retourné: sait-on combien coûtera à long terme, niveau santé, scolarisation et terrain à bâtir inclus, que d’accueillir trop de monde dans des conditions parfois insalubres? Gageons aussi que l’insalubrité peut être le fait de l’entassement dans des espaces trop restreints et que sa cause n’a souvent rien à voir avec les pollutions inorganiques que les écologistes qui ne pensent pas nous proposeront bientôt de réduire à coups de mesures répressives! La réalité, c’est que tout cela n’est jamais chiffré, ne le sera jamais et n’est pas estimable sur un terme suffisamment long.

Tout relève donc du mythe. Il en va de même pour les entreprises itinérantes. La Suisse n’a pas vocation à devenir une terre d’exile pour celles-ci au détriment de sa propre population. Avec une densité si élevée, il est urgent d’agir, de regarder vers l’avenir et d’arrêter de miser sur la seule donnée économique. Car voici donc ce qu’il finirait par se passer: la Suisse aurait alors réalisé l’inverse du Plan Wahlen et dépendrait presque totalement de l’étranger par le biais d’un schéma économique susceptible, au moindre soubresaut, de causer la misère d’habitants prisonniers de leur sort.

Alors, on nous sortira enfin l’argument des Bilatérales ainsi que d’étranges élucubrations sur la nécessité de “cerveaux”, tous plus aptes les uns que les autres à créer des concepts de seconde nécessité ; alors que, dans une société saine, il n’y a qu’une minorité d’intellectuels! Un diplôme, cela se mâche très mal, au final, et la gloire d’un pays se construit dans l’harmonie et la cohérence entre toutes les particularités qu’on trouve dans sa population. Quant aux négociations avec l’UE, on a pourtant la sempiternelle réponse du “comment faisait-on avant?” . De plus, l’OMC n’empêche pas de limiter un flux migratoire, alors qu’elle n’autorise pas les barrières économiques. Toute mesure prise contre la Suisse devrait donc découler d’une sanction, mais on imagine mal, avec le cas déjà très contestable des mesures décrétées à l’encontre de la Russie de Poutine, la mise en place d’un embargo contre les Helvètes. Si, cependant, on parvenait à isoler notre Helvétie, ce ne serait pas le fait de celle-ci, mais de l’attitude vengeresse de ses voisins. Ce serait aussi comme l’aveu d’une subversion qui n’aurait pas pu avoir lieu. Qu’on le retourne dans un sens ou dans l’autre, Ecopop représente, pour exister encore en tant que particularité ethno-culturelle, une nécessité afin de pouvoir nous défendre contre tous les idéologues qui planifient, consciemment ou inconsciemment, l’asservissement et la dissolution de notre état.

En guise d’épilogue, parce que défendre sa patrie, c’est “has been” et vieilli, on peut évoquer le financement de l’AVS. Payer avec des nouveaux venus comme seul projet, c’est créer une pyramide sans fin, qui se substitue au remplacement naturel de la population, vieillissant d’un coup les nouvelles générations de plus de vingt ans. A la fin, parce que nous sommes, à défaut d’être tous croyants, de culture chrétienne, Babel s’écroule - peut-être pour le grand bonheur des socialistes, puisque tous, alors, se mettent à parler dans des langues différentes! - . Et, de par tout ce qui a été évoqué ici, une vision d’avenir s’associe - il faut le rappeler! - toujours à un projet de société: souhaite-t-on créer une classe d’esclaves étrangers qui se stabiliserait numériquement, souhaite-t-on devenir les esclaves des étrangers dans son propre pays ou bien souhaite-t-on ramener, l’équilibre naturel, celui de nos aïeux sur les belles collines où fut fondée la Suisse? Souhaitons-nous combattre, par le bon sens, ce qui nous semble être une insupportable agression sous des menaces à peine voilées? Finalement, sans souhait aucun, parce que la mythologie, c’est “tendance”, servirons-nous Helvetia ou servirons-nous Mammon?

 

Thomas Mazzone, le 23 octobre 2014

représentations: 1. Sascha Schneider (1896) et 2. Evelyn De Morgan (1909)

Sculpture "Helvetia auf Reisen" (1980) de Bettina Eichin à Bâle - photo: Tomas Kohout

2 commentaires

  1. Posté par tmazzone le

    Merci pour votre commentaire, FANECO: laissez-moi vous dire qu’en pratique, les indigènes Suisses ne peuvent pas être contraints de payer la dette de ceux qui sont partis. Ce ne sont pas les mêmes personnes. De même que pour l’immigration, dont vous parlez magnifiquement, il s’agissait surtout de pays limitrophes, proches, et de cultures très similaires. Les proportions étaient autres. Historiquement, la tribu qui migre, l’individu qui s’en va ou les esclaves qu’on achemine ne représentent pas le même phénomène, mais tous, plus ou moins, peuvent avoir cette dénomination « d’immigrés ». Aujourd’hui, depuis Schengen, le désastre est total. On entre par les mailles du filet pour aller où il y a de la place. Les cultures des uns et des autres sont si différentes (et réduites) que l’on diminue aussi nos exigence: seule la définition légale de la nation est prise en compte pour que l’assimilation de masse soit possible. On se rejoint tous vers le plus bas niveau.

    Si, autrefois, l’immigration avait un côté romantique et humain, celle d’aujourd’hui a toujours, directement ou indirectement, des causes économico-légales. Elles ne sont pas individuelles, mais le fait d’intérêts internationaux supérieurs qui tirent profit de l’homme envisagé comme ressource. Ressources humaines, parait-il! L’homme, lui, subit cet anéantissement global que l’on ne peut que déplorer. Dans quelques générations, avec tous ces universitaire qui ne portent déjà plus aucune culture, il pourrait ne plus rien rester: plus que des ignares, des gens re-cultivés au gauchisme qui défendraient alors ce seul ersatz [gauchiste] de culture dont ils auraient hérité. N’est-ce pas déjà le cas? N’est-ce pas déjà ce que l’élite socialisée défend? N’est-ce pas pour cela qu’ils ne peuvent même pas avoir conscience qu’une culture existe, qu’un peuple existe et souffre?

    Bien sûr que le problème est complexe. J’en parlais tout à l’heure. Bien sûr qu’une telle solution n’est pas idéale, mais taper sur la régulation des flux migratoires est la seule chance d’avoir un effet sur cet économisme fou et sur la bonté poussée à l’absurde. Je suis un bon chrétien et je suis extrêmement sensible à la misère de tout le Monde, mais je ne peux me résoudre à déplorer des effets, selon la formule de Bossuet, dont je chérirais les causes. En ce moment, un peuple meurt. En ce moment, les jeunes classes d’école sont souvent peuplées d’une majorité de non-Suisses et de Suisses d’adoption (selon les critères légaux et réduits susmentionnés). Mes amis et collègues enseignants en témoignent. Doit-on en vouloir à la Suisse de se défendre? Devrait-on en vouloir aux autres pays s’ils faisaient ainsi? Cette votation, c’est une chance, une dernière ressource, qui, peut-être, montrera à tout le Monde qu’il est possible de ne pas subir. Au-delà de ça, il n’y a que le romantisme de la fin d’un petit pays, mais grand par ses qualités. Alors, je viendrai m’asseoir avec vous, pour regarder, avec la même nostalgie, le Rhin qui fuit.

  2. Posté par FANECO le

    Le texte me semble intéressant sur le plan théorique, mais dans la pratique c’est toute une autre chose. Ce texte est non seulement valable pour la Suisse comme pour toutes les nations, également ces nations qui ont accueilli près d’un million de suisses qui un jour on décidé de quitter la Suisse à la recherche de autres cultures, d’autres idéaux et surtout d’une autre mentalité, une mentalité plus ouverte avec des horizons plus vastes que ceux de cette Suisse qui est la leur, où la Sculpture « Helvétie auf Reisen » (1980) de Bettina Eichin à Bâle, bien représenté, cette Helvétie laissant tomber des larmes de nostalgie dans le Rhin avant le départ pour un vrai voyage dans la vie et la connaissance des peuples que sont territoire ne lui démontre ou offre plus, car, comme il dit également le texte, la Suisse et les suisses ne servent plus seulement l’Helvétie comme ils sont devenus serviteurs prati-exclusifs de Mammon ou de eux mêmes. Helvétie ne se sent plus aimé elle décida emprunter un voyage que malgré tout se limite aux bord du Rhin où elle pleure et alimente ce long fleuve tranquille de ces larmes, dans le seul espoir que ces citoyens un jour veulent à nouveau servir son idéale de vie dans l’amour et la fraternité entre régions et nations libres et honnêtes. Car elle, Helvétie le sait, aucun immigrant ne quitte sont pays à la légère, chacun à une histoire pour raconter, qu’ils soit espagnol, italien, portugais, russe ou suisse… des histoires tristes souvent, mais surtout des histoires de mécontentement de son propre peuple, penser que le départ de touts ces gens de chez-eux pour exclusivement des raisons économiques est en soit une grave erreur, et seulement des gens qui servent exclusivement Mammon ou eux mêmes, peuvent y penser.

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