Votations populaires du 30 novembre 2014 : 3 X OUI!

Dominique Baettig
Dominique Baettig
Médecin, Ancien Conseiller national

Le 30 novembre, une chance réelle de choisir un autre modèle de développement souverain, respectueux des ressources et démocratique…

 

Il y a bien une unité des thèmes sur lesquels le peuple votera le 30 novembre : souveraineté dans le domaine de la migration, souveraineté dans le domaine bancaire,  souveraineté fiscale par arrêt des privilèges pour les riches jet-setters et nécessité de revenir à une fiscalité modérée, équitable et des dépenses étatiques supportables. Et sur ces thèmes, qui dépassent les notions classiques gauche/droite de la politique, il y aura des surprises. En effet, avec leurs arguments dorénavant classiques et qui sont resservis à chaque votation, la classe politique (droite de l’économie et gauche moraliste des valeurs sociétales, redistributrice en diable des acquis sociaux et de la citoyenneté) fait front commun. Au nom des droits individuels supérieurs à l’intérêt général et du droit, véritable stratégie du chaos, à la libre circulation des personnes, capitaux, services.

Un trop plein

On nous annonce que l’acceptation des principes écologiques profonds de l’initiative ECOPOP serait une catastrophe pour l’économie, surtout les grandes entreprises d’exportation, qu’il n’y aurait plus assez de main-d’œuvre pour bétonner ce pays, que les bilatérales seront coulées et que la xénophobie exprimée par la volonté de contrôler les flux migratoires nous mettra au ban de l’infamie des Etats civilisés. On nous sermonne en disant que la population autochtone n’a pas le droit de dire non à l’immigration, même à la freiner un petit peu. Que notre économie a besoin pour survivre de ce que Marx appelait « l’armée de réserve du Capital » pour faire pression à la baisse des salaires et les conditions de travail. Rien de ces scénarios catastrophiques n’est vrai. Le peuple suisse, confirmé par de nombreux sondages, s’inquiète à juste titre de la perte de contrôle des migrations, ce qui représente un danger et une lourde hypothèque pour l’avenir. Diminution du produit national brut par habitant, explosion de l’aide sociale, sous-enchère salariale, dilution du sentiment de vivre-ensemble de manière cooptée, au détriment de la démocratie directe et de la souveraineté locale.

Décoloniser notre imaginaire

Sans parler du coût croissant des infrastructures, de la disparition des espaces naturels et cultivables, le « dumping » dans la qualité de la formation. On va de plus en plus chercher ailleurs main-d’œuvre qualifiée et non-qualifiée, on prépare le grand remplacement du peuple suisse historique, vieillissant, soi-disant (et cela n’est pas vrai avec 23% de population étrangère !) recroquevillé sur lui-même et fatigué par une démographie exotique importée à grand frais de propagande sur le bonheur radieux de l’avenir garanti. Réduire la croissance migratoire à 0,2% de la population résidente est un objectif modéré, juste suffisant et ne mettra pas l’économie de ce pays en danger. Au contraire, un nouveau modèle de développement, plus humain, plus solidaire permettra de sortir des mirages de la croissance à court terme, uniquement alimenté par la migration et l’accroissement de la dépendance économique. On devra raisonner en termes d’autosuffisance, de respect de la préservation des ressources naturelles, de qualité de vie, de développement de la formation indigène et de renforcement du sentiment collectif et historique de vivre ensemble dans une société à taille humaine, en décidant soi-même de son avenir.

Le peuple peut contrôler sa monnaie

Pour l’or, véritable garant de la valeur des billets de banque (monnaie de papier, en fait une reconnaissance de dettes, émise  par la planche à billet qui s’emballe), il est évident que les réserves déposées en Angleterre et au Canada doivent être rapatriées car autrement, en période de crise (et on l’a vu avec les réserves de notre or stocké aux USA !) il nous sera simplement saisi et vendu sous contrainte et chantage. La Banque Nationale Suisse doit être sous contrôle démocratique du peuple suisse et non pas laissée aux bidouillages de bilan comptable et au bon plaisir des banquiers centraux privés. L’initiative en cours « Monnaie pleine » mérite assurément d’être soutenu puisqu’elle va dans le même sens. 20% au minimum de garantie des actifs de la BNS en or est une exigence minimale, peu problématique et garante de notre prospérité et de notre épargne. Mais la BNS a transformé les cantons en clients obligés, qui comptent sur des bénéfices pour combler les déficits budgétaires habituels. Après avoir bradé les réserves d’or soi-disant excédentaires (les bijoux de famille !) à un prix trop bas. Ceci n’est pas sain pour l’intérêt général. De même que l’existence de forfaits pour les riches étrangers qui sont taxés sur leurs dépenses estimées.

On ne construit pas l’autonomie, l’indépendance, la responsabilité personnelle, la protection des plus vulnérables de nos concitoyens sur de telles bases. Donc 3 x OUI le 30 novembre. Pour que la classe politique, qui suscite toujours plus de méfiance et pérore de manière arrogante, respecte vraiment ce que le peuple veut, pour la souveraineté, un nouveau modèle de développement, plus local, plus solidaire, plus démocratique, à dimension humaine. Il faut commencer à décoloniser notre imaginaire et penser la croissance et le développement en d’autres termes. Pensons au précédent de l’initiative Minder, sur les rémunérations abusives, qui s’est imposée contre toutes les forces politiques et a donné un signal clair à nos voisins européens sur les possibilités de la démocratie participative.

Dominique Baettig, 2 novembre 2014

5 commentaires

  1. Posté par Pierre Cocasse le

    Parfaitement d’accord… 3 X OUI à Ecopop ! Sauvegardons notre identité, nos paysages, notre souveraineté (liberté, croyance) .

  2. Posté par Normandy le

    « promouvoir le contrôle des naissances comme priorité au développement signifie savoir mieux que ces gens ce dont ils ont besoin. Ce n’est pas cohérent avec l’idée que les peuples sont souverains… » Si « ces gens » connaissent vraiment bien leurs besoins, alors qu’ils les gèrent, qu’ils en soient responsables et qu’ils en assument eux-mêmes les pleines conséquences. Et s’ils sont souverains, nous le sommes aussi, et notre souveraineté, qui vaut bien la leur, doit nous permettre de refuser d’accueillir leurs surplus démographiques !

  3. Posté par Michel de Rougemont le

    pour moi au contraire, c’est trois fois NON:
    En corollaire à une acceptation à ecopop celui qui vote oui doit admettre deux choses :
    1.- avec une limite de 0.2% à l’immigration la démographie ne suivra pas. (vivants = naissances – décès + flux migratoire net), à moins de se mettre à faire beaucoup d’enfants (ce qui prend du temps, surtout à en faire des adultes contributifs). Comme les postes de travail ne pourrons pas être pourvus ou re-pourvus il faudra baisser le niveau de services, tant publics que privés (mais le privé peut se délocaliser, pas les services publics). Autogoal programmé.
    2.- promouvoir le contrôle des naissances comme priorité au développement signifie savoir mieux que ces gens ce dont ils ont besoin. Ce n’est pas cohérent avec l’idée que les peuples sont souverains, un thème pourtant cher à bien des milieux socialo-nationalistes. Et c’est misérablement Schulmeisterisch.

    L’or est un bien comme un autre. Si le taux de change du franc y était lié on devrait effectivement en garder des grandes réserves, mais ce n’est pas le cas. Il faut savoir en accumuler et s’en débarrasser, c’est le rôle de la BNS. Mais une contrainte constitutionnelle à ce sujet est imbécile.
    (bien que, à mon humble avis, la BNS devrait en acquérir avec les réserves énormes de devises qu’elle a en ce moment).

    Les impôts directs sont une affaire cantonale. Donc NON à ce centralisme. Certains cantons ont d’ailleurs supprimé la taxation forfaitaire; c’est là que le débat doit avoir lieu.

  4. Posté par D. Baettig le

    Oser imaginer un avenir sans dépendre de la croissance migratoire, c’est cela décoloniser notre imaginaire…

  5. Posté par Economico le

    Toutes les classes politiques rejettent la faute sur l’UDC. En revanche, elles ne se demandent pas pourquoi il y a une augmentation des votes de défiance vis à vis de la politique menée. Je suis désolé mais les fautifs ne sont pas l’UDC, mais les autres partis. Il faut relever que nous n’avons toujours pas les mesures d’accompagnement dont le CF parlait avant la votation du 9 février, on se moque de nous!

    Pour ma part, plus j’entends ce matraquage médiatique anti-ecopop et plus je me sens enclin à voter en faveur de l’initiative.

    A force de s’européaniser, les politiques ont réussi à créer une rupture entre la vision politique et le souhait de la population, assez caractéristique de la l’Europe.

    La philosophie de l’Europe est que les gens « performants » doivent vivre dans les zones économiquement fortes. C’est sans prendre en considération, que les populations veulent vivre où ils ont leurs origines culturelles, sociales et familiales.

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