L’Europe des aveugles…

Par François d'Orcival, de l’Institut

Le Brexit n’est pas la cause du chaos, mais son résultat. Celui de la cécité des dirigeants européens devant le choc de l’immigration. À commencer par Angela Merkel.

Quel a été le premier réflexe après le vote britannique ? Tous à Berlin ! Comme s’il fallait, avant toute chose, aller chercher les consignes chez la chancelière. Et de réclamer ensuite à Londres d’ouvrir au plus vite les négociations de la rupture, mais pour faire quoi ? Pour se retrouver à vingt-sept dans la même situation qui était celle de l’Union à vingt-huit et que le Brexit a sanctionnée ? Le statu quo précédent est mort. Ce serait prendre la pire des responsabilités que de vouloir décider sans avoir au moins compris ce qui s’était passé. Or le trio européen actuel, Merkel, Renzi, Hollande, est frappé de cécité : il n’est pire aveugle que celui qui ne veut pas voir.

David Cameron n’est ni Faust ni Machiavel. Il n’a pas fait un pari politique pour le perdre. S’il l’a perdu, il y a une explication. C’est au printemps 2012 (il est premier ministre depuis 2010) qu’il décide d’organiser ce référendum sur le maintien du Royaume-Uni dans l’Union européenne ; il le fait pour s’assurer de l’unité du Parti conservateur dans la perspective des élections suivantes. Au même moment, la France est occupée par son élection présidentielle, et personne ne dit qu’il s’est lancé dans un pari fou. Puis, tandis que les Français fabriquent du chômage, les Britanniques, confiants, créent de l’emploi. Et parce qu’il a promis son référendum, Cameron calme les ardeurs sécessionnistes ; le 7 mai 2015, il obtient la majorité absolue aux élections, victoire qu’aucun “expert” n’avait anticipée. Le calcul était donc le bon. Il respecte ses engagements : le 27 mai suivant, la reine annonce, dans son discours du trône, la tenue du référendum avant la fin de l’année 2016.

A ce moment non plus, personne n’envisage que Cameron puisse perdre son pari. Il boucle un tour des capitales européennes pour obtenir de ses partenaires une quasi-refondation du fonctionnement de l’Union. Il en fait trop, dit-on (à l’exception de Valéry Giscard d’Estaing qui l’approuve). Mais qui croit que le Brexit soit possible ? Toujours personne. Au point qu’aucun plan B (en cas de sortie) n’est étudié ni à Berlin ni à Paris.

Les dirigeants européens confondent leurs souhaits et la réalité. Ils n’ont pas voulu voir le choc formidable qui s’était produit entre-temps, l’été 2015 : l’arrivée d’un million de migrants sur le continent, qui déferlent sur l’Allemagne et qui frappent à Calais. Et là, l’Angleterre n’est plus une île. Prenez une ville industrielle comme Rotheram, située dans le Yorkshire, dans le nord-est de l’Angleterre. Une ville de 255 000 habitants gérée par les travaillistes, modèle multiethnique et multiculturel. On y parle le polonais, le tchèque, le slovaque ou l’urdu. Les Roms y sont venus par vagues. Des bandes de Pakistanais s’y sont livrées à un millier de viols en quelques années. Quand la ville apprend, le 6 janvier dernier, que des centaines de femmes ont été victimes d’agressions similaires à Cologne, cela réveille la blessure profonde qui a détruit la confiance des habitants dans leur police et leurs élus.

Lorsque Angela Merkel a ouvert à deux battants les portes de l’Allemagne devant l’immigration massive, les habitants de Rotherham y ont vu la menace d’une invasion à venir. Or Angela Merkel, ce n’est pas seulement la chancelière d’Allemagne, c’est aussi l’incarnation du leadership européen. Ce qui effraie Rotherham effraie l’Angleterre. Il s’ajoute à cela, le 5 mai, l’élection à Londres d’un maire d’origine pakistanaise, Sadiq Khan, travailliste, qui succède à Boris Johnson (le conservateur pro-Brexit). La question n’est pas que Sadiq Khan soit de parents pakistanais et travailliste, mais quand toutes les capitales européennes se mettent à célébrer cette élection en expliquant qu’il s’agit du “premier maire musulman d’une grande capitale”, comme si c’était une gloire et un destin, alors Rotherham se demande ce que l’Europe lui promet. Un mois avant le référendum, leGuardian, quotidien libéral europhile, envoie sur place un reporter qui constate que la ville craque sous la pression d’un violent mouvement anti-immigrés. Parce qu’elle ne se sent plus anglaise. À partir de là, Cameron, Obama, Hollande, Merkel, Tusk ou Juncker peuvent servir tous les arguments rationnels qu’ils veulent, et même pour certains des menaces, cela ne compte plus. Le 23 juin, Rotherham vote à 68 % pour quitter l’Union européenne…

L’Histoire retiendra la lourde responsabilité des dirigeants européens entraînés par la chancelière allemande. Double responsabilité : sur sa politique financière et sa politique d’immigration, qui l’une et l’autre ont contribué à déstabiliser toute l’Europe. Le Brexit n’est pas la cause, mais le résultat. On voit mal comment faire confiance à des dirigeants en fin de mandat, tels que François Hollande et Angela Merkel, pour conduire une négociation de sortie avec les Britanniques. Qu’ils soient pressés d’en faire un argument de campagne, certes, mais ce sont eux qui nous ont conduits là.

Source : Valeurs Actuelles, 1.7.2016

Nos lecteurs nous informent. Merci à M.-F. Oberson.

 

4 commentaires

  1. Posté par Marie le

    En visite à Ottawa, je peux vous dire que les musulmans y sont très visibles …. même leurs ambassades, voisines de celle des USA …. toutes immenses, Quatar, Kuwait, Arabie Séoudite … on en déduit que le Canada est en train de vendre son âme …..

  2. Posté par Jim Droz-dit-Busset le

    L’on ne peut qu’approuver les commentaires ci-dessus de Marguerite et Marie-France. En effet ces pseudos-dirigeants européens auxquels l’on peut ajouter une sale coterie helvétique, sont les véritables bouchers de nos nations et de nos terres, livrées aux envahisseurs, qui ne vont aucunement se gener d’y apporter leur secte de la gangrene ! C’est d’ailleurs déjà depuis longtemps évident pour la partie du peuple qui a décidé d’ouvrir les yeux et qui ne peut plus du tout vivre dans la serenite des us et coutumes qui leur sont propres. Et la vie de chaque jour est desormais empoisonnée par ce venin mortel.

  3. Posté par marguerite le

    on ne sait pas ce que nous promet l’Europe mis à part sa destruction, mais on sait ce qu’elle promeut : le mensonge à large échelle, la duperie et la non-information aux populations.

  4. Posté par Marie-France Oberson le

    Je pense que c’est l’élection d’un maire musulman à Londres qui a fait déborder le vase et retourner la situation en faveur du Brexit qui était alors au coude à coude avec les anti Brexit, et surtout la réaction des « Zélites » européennes à cette élection.. Oui, que nous promet donc cette Europe ??

Et vous, qu'en pensez vous ?

Poster un commentaire

Votre commentaire est susceptible d'être modéré, nous vous prions d'être patients.

* Ces champs sont obligatoires

Avertissement! Seuls les commentaires signés par leurs auteurs sont admis, sauf exceptions demandées auprès des Observateurs.ch pour des raisons personnelles ou professionnelles. Les commentaires sont en principe modérés. Toutefois, étant donné le nombre très considérable et en progression fulgurante des commentaires (259'163 commentaires retenus et 79'280 articles publiés, chiffres au 1 décembre 2020), un travail de modération complet et exhaustif est totalement impensable. Notre site invite, par conséquent, les commentateurs à ne pas transgresser les règles élémentaires en vigueur et à se conformer à la loi afin d’éviter tout recours en justice. Le site n’est pas responsable de propos condamnables par la loi et fournira, en cas de demande et dans la mesure du possible, les éléments nécessaires à l’identification des auteurs faisant l’objet d’une procédure judiciaire. Les commentaires n’engagent que leurs auteurs. Le site se réserve, par ailleurs, le droit de supprimer tout commentaire qu’il repérerait comme anonyme et invite plus généralement les commentateurs à s’en tenir à des propos acceptables et non condamnables.

Entrez les deux mots ci-dessous (séparés par un espace). Si vous n'arrivez pas à lire les mots vous pouvez afficher une nouvelle image.