MàJ. Boris Johnson aux Affaires étrangères. La désinformation à son sujet.

Michel Garroté
Politologue, blogueur

NDLR. Quand les journalistes prennent leurs désirs pour la réalité.

  

I. Signature, rubrique de "notre" rts

Vendredi 1 Juillet 2016

Laurent Caspary: le populisme à l'épreuve de la victoire

"Ce qui était encore acceptable, avec les populistes, c'est qu'ils montaient certes en puissance dans de nombreuses démocraties occidentales, mais qu'ils restaient minoritaires, souvent repoussés par un front républicain de circonstance. Jusqu'à vendredi dernier, jour du Brexit.

 

Ce jour-là, les dits populistes du Ukip - aidés en soi par les crises migratoires et économiques - ont gagné leur pari. Ils existaient uniquement pour faire sortir la Grande Bretagne de l'Union européenne, et ils l'on fait!

Nigel Farrage, leur leader, n'a pas boudé son plaisir devant le parlement européen en lançant à ses futurs ex-collègues: "Vous m'avez accueilli dans cette salle en riant, et maintenant vous ne riez plus"...

A vrai dire, à part Nigel Farrage, ils sont plutôt rares ceux qui rient encore en Grande-Bretagne. Le pays découvre à quel point les pro-Brexit n'avaient pas anticipé cette victoire. Au fur et à mesure, les "regrets" et les retournements de veste de la part de ceux qui poussaient pour une sortie de l'Union se font jour. Prenez l'éditorialiste du Sun, Kelvin McKenzie, un pro-Brexit qui vient d'écrire que l'avenir, désormais, l'inquiète et qu'il se sent floué sur la marchandise.

Et puis, quintessence de cette débandade, Boris Johnson, l'ancien maire de Londres renonce à briguer le poste de Premier ministre, comme s'il renonçait à gérer une situation qu'il sait par avance ingérable.

Pour la première fois, les conséquences d'une victoire de ceux qu'on appelle "populistes" vont pouvoir s'observer à l'échelle d'un grand pays européen.

En d'autres termes, pour le meilleur ou pour le pire, les Britanniques vont servir de véritables premiers cobayes du populisme appliqué."

II L'article de Michel Garroté :

 
Michek Garroté - Primo, ce n'est pas le sujet du présent article, mais je signale tout de même en passant, et, en riant, que la bourse de Londres a tout regagné depuis le Brexit et qu'elle est au plus haut depuis 2015... Secundo, en nommant Boris Johnson à la tête du ministère des Affaires étrangères, la nouvelle Première ministre du Royaume-Uni Theresa May aurait "étonné", raconte la presse. Il n'y a pas de quoi.
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On peut ne pas souhaiter être Premier ministre (Boris Johnson) et devenir ministre des Affaires étrangères (Boris Johnson). Boris Johnson s'était distingué en menant le camp du Brexit à la victoire puis en renonçant à briguer le poste de Premier ministre. Ci-dessous, quelques analyses sur Boris Johnson et Nigel Farage qui nous changent des inepties parues dans la presse  (je note avec joie qu'il s’agit d’une très bonne nouvelle pour Israël, car contrairement à son prédecesseur, Philip Hammond, Boris Johnson est un ami déclaré et enthousiaste d’Israël ; tant pis pour les "anti-sionistes"...).
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Boris Johnson critique vertement ses opposants dans une tribune :
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Dans une tribune publiée dans le Telegraph, l'ancien maire de Londres accuse les opposants au Brexit d'entretenir la confusion des électeurs britanniques. D'après lui, il est temps de "mettre fin aux bêtises" du camp anti-Brexit. C'est sa première déclaration depuis qu'il s'est retiré de la course au poste de Premier ministre de Grande-Bretagne (extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page).
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Boris Johnson, ex-maire de Londres et principal porte-étendard de la campagne du Brexit, a adressé une tribune féroce à ses adversaires "gauchistes" qui, depuis le 24 juin, protestent contre la sortie de l'Union européenne. Des électeurs qui entretiennent une "hystérie" semblable, d'après le rival du Premier ministre David Cameron, à celle que le Royaume-Uni a pu connaître lors du décès de Lady Diana, il y a presque vingt ans. Publiée dans les colonnes du Telegraph, l'éditorial dénonce les "confusions" dont seraient victimes les anti-Brexit depuis l'issue du vote. Des amalgames sur la nature véritable de l'UE, que le gouvernement de M. Cameron nourrirait allègrement, avec l'aide d'un parti travailliste d'ailleurs profondément divisé.
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Selon Boris Johnson, il s'agit là de la plus grande opération de "manipulation gouvernementale depuis les prémices de la guerre en Irak". Une opération renforcée, d'après lui, par des électeurs de gauche qui ne réaliseraient pas combien l'Europe fonctionne au détriment des causes qu'ils défendent. Et l'ancien maire de Londres d'énumérer les aspects les plus libéraux et inégalitaires qui, selon lui, caractérisent l'UE. Comparant ses contempteurs travaillistes à des "merles sur une branche d'arbre", Boris Johnson en profite pour égratigner le manque de pédagogie du gouvernement Cameron pendant la campagne du référendum.
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Un manque de clarté qui, du même coup, aurait laissé le champ libre aux "émotions", qui selon M. Johnson "comptent, même lorsqu'elles ne semblent pas tout à fait rationnelles". Ce faisant, l'ex-maire de la capitale britannique compare les approximations des anti-Brexit au trauma d'une jeunesse endeuillée par la disparition de l'icône Lady Diana, en 1997. Parmi ces approximations, le clivage sociologique entre jeunes et personnes âgées, mis en avant par de nombreux sondeurs. "Je ne pense pas qu'il soit crédible d'imaginer ces jeunes gens manifestant hystériquement en faveur des bureaucrates de Bruxelles", croit savoir Boris Johnson, ajoutant que le Brexit, d'après lui, avait surtout cristallisé les "craintes" de la jeunesse (fin des extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page).
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Accuser Johnson et Farage de fuir leurs reponsabilités, c'est être soit un imbécile, soit un menteur :
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Qu'un premier ministre ayant perdu un référendum, qu'il a lui même proposé, quitte ses fonctions semble surprendre en France (extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page). Qu'un chef de l'opposition souverainiste, qui est techniquement dans l'impossibilité de devenir premier ministre, quitte la direction de son parti estimant son devoir accompli, il est qualifié de lâche... Mais que le chef des travaillistes, désavoué par 80% de son parti, s'accroche à son poste, on ne trouve rien à dire. David Desgouilles,  membre de la rédaction de Causeur, donne son avis dans FigaroVox : "On les avait accusés de démagogie, de surfer sur les peurs. On les avait accusés d'avoir menti pendant la campagne pour le «leave».
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On avait même laissé entendre qu'ils avaient armé le bras du meurtrier de Jo Cox. De ce côté de la Manche, les médias français ont brillé par leur quasi-unanimisme pour vouer aux gémonies les leaders du «leave», Boris Johnson et Nigel Farage. Mais ils ne les avaient pas encore taxés de lâcheté. C'est chose faite, désormais. Boris Johnson a renoncé à se porter candidat au poste de Premier ministre de Sa Gracieuse Majesté. Quant à Nigel Farage, il abandonne la présidence de son parti, l'UKIP. Et nos médias, encore à l'unisson, de fustiger la trouille du duo. Johnson et Farage n'assumeraient pas leurs responsabilités. Ils quitteraient le champ de bataille piteusement après avoir engagé leurs troupes dans un bourbier. Cameron n'est pas mieux loti. C'est le recours au référendum, qu'on lui reproche, à celui-là. Et il se tire ensuite, l'apprenti-sorcier !
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Le problème, c'est que toutes ces accusations, lorsqu'on prend la peine de les examiner plus de trente secondes - ce qui devrait normalement être à la portée d'un journaliste - tombent à plat. Boris Johnson aurait bien voulu assumer ses responsabilités. Il comptait bien s'asseoir dans le fauteuil de chef du gouvernement, 10 rue Downing Street. Mais il en a été empêché par son parti, un parti dont les trois-quarts des parlementaires étaient favorables au «remain». Quant à Nigel Farage, il avait fait du Brexit le combat de sa vie. Il avait prévenu que c'était la mère des batailles et qu'il ne quitterait la politique que cet objectif réalisé. Président d'un parti qui n'a pas de groupe parlementaire aux Communes, il ne pouvait pas accéder aux responsabilités.
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Dans ce contexte, accuser Johnson et Farage de les fuir, c'est être soit un imbécile, soit un menteur. Quant à David Cameron, il démissionne parce qu'il menait cette bataille pour le «remain» et que, désavoué par son peuple, il en tire les conclusions qui s'imposent comme l'avait fait le Général de Gaulle en 1969 à l'occasion du référendum sur la régionalisation. Au delà de la partialité évidente - et habituelle, s'agissant de la construction européenne - qui transpire de ces accusations sans fondement, on peut aussi voir de la schizophrénie dans l'attitude de la majorité de nos médias. Alors qu'on se plaît à fustiger - souvent à juste titre - le peu de renouvellement de la vie politique française, et qu'on dénonce ceux qui s'accrochent à leurs postes, on critique vertement ceux qui, de l'autre côté de la Manche font passer leurs idées avant leur destin personnel. A cet égard, ce référendum en a dit plus long sur l'état de notre débat public que sur celui de nos amis britanniques."
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Mission accomplie pour Nigel Farage :
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Bel exemple pour nos hommes politiques de droite, à l'égo démesuré et notamment pour les 13 ou 14 candidats à la primaire des Républicains ou pour le FN avec ses guerres familiales et purges permanentes (extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page) : "Nigel Farage a annoncé aujourd'hui qu'il démissionnait de la tête du parti europhobe et anti-immigration Ukip, maintenant qu'il a atteint l'objectif de sa vie: la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne. "Mon objectif de sortir de l'UE est atteint (...) j'ai accompli ma mission", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse, ajoutant qu'il quittait donc la tête de l'Ukip. La sortie du Royaume Uni de l'Union européenne, l'ancien trader de 52 ans en a rêvé nuit et jour depuis qu'il a co-fondé, en 1993, le "United Kingdom Independence Party".
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"Tout ce que j'ai pu faire en politique tourne autour de ce référendum, absolument tout", confiait-il à l'AFP pendant la campagne. Le jour après le référendum, il avait les larmes aux yeux en voyant poindre "à l'aube, le rêve d'un Royaume-Uni indépendant". "Je vais continuer à soutenir le parti, à soutenir son nouveau leader, je vais observer de très près le processus de négociation à Bruxelles et intervenir de temps en temps au Parlement européen", a-t-il poursuivi. Dans un communiqué, Nigel Farage a estimé que son parti pouvait encore "connaître des jours meilleurs" si le prochain gouvernement ne tient pas les engagements liés au Brexit.
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Introduction, adaptation et mise en page de Michel Garroté
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http://www.lexpress.fr/actualite/politique/johnson-compare-l-hysterie-post-brexit-a-celle-qui-a-suivi-la-mort-de-lady-di_1808895.html
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http://www.lefigaro.fr/vox/monde/2016/07/04/31002-20160704ARTFIG00199-cameron-farage-johnson-des-laches-quand-la-critique-francaise-tourne-a-la-schizophrenie.php
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http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2016/07/04/97001-20160704FILWWW00078-gb-nigel-farage-annonce-sa-demission-de-la-tete-du-parti-ukip.php
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2 commentaires

  1. Posté par aline le

    Dommage que les médias politiquement corrects ne publient rien de ce genre, mais continuent à mentir à leurs lecteurs.

  2. Posté par Paul le

    Merci Michel Garroté de cette mise au point, complète, illustrée et parfaitement logique. Ce qui est le début de la civilisation. Un de ses piliers comme dirait Charles Gave.
    Bienvenue mise au point, même si quelques éléments avaient été évoqués, une analyse systématique et explicite était nécessaire.

Et vous, qu'en pensez vous ?

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