Il est plus facile de changer de chef que de faire changer le chef

Yvan Perrin
Ancien Conseiller national

Il est plus facile de changer de chef que de faire changer le chef

François Proust

 

Dans toute structure hiérarchique, celui qui a besoin de rappeler qu'il est le chef ne l'est précisément plus. Manifestement, François Hollande confirme aujourd'hui ce principe avec brio, faisant donner le porte-parole du gouvernement pour faire passer un message que plus personne ne croit. Il reste tout au plus quelques autruches qui donnent raison à Pierre Daninos estimant que l'oiseau coureur est le seul officiellement doué de sens politique. Le pauvre Stéphane Le Foll a donc dû monter en première ligne pour tempérer les ardeurs de ceux qui se verraient bien briguer la magistrature suprême à la place du président dont la cour se réduit comme peau de chagrin depuis la sortie du livre "un Président ne devrait pas dire ça". L'homme précise que jusqu'à nouvel ordre, le patron, c'est le président de la République, il a été élu. Par jusqu'à nouvel ordre, le porte-parole veut sans doute dire tant et aussi longtemps que François Hollande n'a pas fait savoir qu'il renonçait à briguer un second mandat. Cette version traduit l'optimisme du souverain et de son minuscule fan-club face aux ravages provoqués par son incontinence verbale.

 

On entend certes de nombreux courtisans expliquer que François Hollande est le mieux placé pour mener la gauche à la victoire, on cite son côté rassembleur, son excellent bilan, sa stature internationale mais toutes ces louanges relèvent de la méthode Coué pratiquée par celles et ceux qui savent que le glas sonne pour eux. Penser que le président sortant soit susceptible de rallier à son panache blanchâtre les différentes sensibilités de gauche revient à lui prêter des pouvoirs surnaturels. Après avoir expliqué qu'il est entouré de nuls, comment François Hollande pense-t-il acquérir ces mêmes crétins à sa cause ? Peut-être ne sont-ils pas pourvus de toutes les qualités du monde mais ils ont de la mémoire, cette mémoire qui nourrit la rancune.

 

En fait, les esprits raisonnables ont déjà tiré un trait sur François Hollande, ses aventures, son coiffeur et son scooter. Ce n'est plus l'enjeu présidentiel qui mobilise les inquiétudes mais bien le fait de savoir comment ne pas disparaitre de la scène politique au soir du premier tour, ce soir que beaucoup attendent, ce soir qui verra François Hollande écarté de la course, relégué loin dans la liste des prétendants tel une vulgaire Arlette Laguiller. Obsédé par François Mitterrand, le président n'a plus qu'un souci en tête, la place qu'il occupera dans l'Histoire. Au vu de son bilan, cette place ne sera pas enviable. La présidence exemplaire n'aura cessé de prêter le flanc à la critique. Le petit personnage à qui seule la pluie a régulièrement rendu hommage se résume par une photo, celle où il siège seul devant l'élite politique française lors de la cérémonie en souvenir des victimes du terrorisme le 19 septembre dernier. Pensant mettre en évidence la solitude du chef, de celui qui porte le poids de l'Etat sur ses épaules, François Hollande a simplement mis en lumière le fait qu'il a bien de la peine à prendre la mesure de ses nouvelles mensurations, celles d'un jouisseur qui aura tiré tout ce qu'il pouvait de la position qui est encore la sienne.

 

Obnubilé par sa propre gloire, le président aura néanmoins réussi quelque chose de tout-à-fait exceptionnel, à savoir faire descendre les policiers dans la rue, las qu'ils sont de devoir régulièrement éteindre les incendies, au propre comme au figuré, au péril de leur vie pour servir une République qui les envoie devant les juges s'ils ont l'audace de se défendre. On imagine mal que la France puisse s'enfoncer beaucoup plus mais il convient de ne jamais sous-estimer Hollande. Saluons toutefois le fait que les forces de l'ordre manifestent en chantant la Marseillaise, ce qui nous change agréablement de Nuits debout et sa cohorte de forts en gueule aux bras maigres.

 

En fait, les véritables effets bénéfiques de la présidence Hollande n'apparaîtront que plus tard, lorsqu'il s'agira de construire une nouvelle gauche sur les ruines fumantes qu'il aura laissées. Comptant plus d'egos que de talents, les disciples de Jaurès auront bien du mal à remettre sur pied un courant d'idées qui mène à la ruine tous les états qu'il conduit. Tant mieux pour la France qui trouvera peut-être quelque répit dans sa chute. Devrons-nous, dans quelques décennies, rendre hommage à François Hollande pour avoir détruit la gauche ? Rêvons !

 

La Côte-aux-Fées, le 30 octobre 2016                                                              Yvan Perrin, président UDC-NE

4 commentaires

  1. Posté par gindrat le

    Pas trop mal, ces considérations M.Perrin. Vous avez seulement oublié quelles sont applicables à bon nombre de vos collègues politiciens.

  2. Posté par Sancenay le

    Ne soyez pas trop pressé, à l’instar des media , Monsieur Perrin ! Il vient juste de mettre le feu à la meule de paille du PS, attendez au moins qu’il s’en prenne aux poutres du râtelier ! Là Monsieur Fabius pourra ressortir ,à bon escient cette fois, sa célèbre expression du » bon boulot ! »

  3. Posté par aline le

    Et pendant ce temps, un « Mini Calais » s’installe tranquillement dans la ville de Paris, il sont déjà plus que mille envahisseurs. Ce président est une honte pour la France.

  4. Posté par Gaston Siebesiech le

    Revenons à nos moutons. En Suisse bon nombre de politiciens ou de plus en plus courament, couples de politiciens, rêvent de devenir chefs d’une élite gauchiste chérie dévoués de style Vénézuelien. Des Bonnie and Clyde prolétaire aux salaires astronomiques que même UNIA n’a rien à redire…. des patrons (mot terrible) de l’industrie sociale.
    Les Suisses pourraient s’inspirer des policiers français qui ne veulent plus être représenté par les syndicats!
    UNIA aurait envoyé ses cadres se former aux USA chez des syndicats americains qui sont bien connu pour être très proche de la mafia! Burger c’est il prit pour Al Capone? Pour sûr les managers d’UNIA ont la grosse tête, des chefs quasi capitalistes.

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