Bérézina pour les Conservateurs britanniques

Stéphane Montabert
Suisse naturalisé, Conseiller communal UDC, Renens
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Theresa May a perdu son pari: les élections anticipées qu'elle avait convoquées pour renforcer la majorité conservatrice au Parlement britannique sont un désastre. En net repli, les Tories n'ont même plus la majorité absolue.

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Theresa May et Jeremy Corbyn.

Sur fond de menace terroriste, 47 millions de Britanniques étaient appelés aux urnes jeudi pour des législatives anticipées. L'enjeu était crucial pour préparer les négociations du Brexit, Theresa May estimant qu'une majorité législative renforcée serait un atout pour mieux négocier la sortie du Royaume-Uni de l'Union Européenne. L'analyse était cohérente avec les objectifs stratégiques et la situation politique ; les sondages d'alors présageaient d'ailleurs pour le camp du Premier Ministre une confortable avance de plus de 15 point sur les rivaux travaillistes.

Pourtant, à partir de là tout partit en vrille.

Une campagne calamiteuse

Il suffit de jeter un œil à la courbe des sondages pour comprendre que l'échec vient clairement de la conduite de la campagne par les Conservateurs.

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Évolution des intentions de vote entre les principaux partis
(cliquez pour agrandir)

Le graphique ci-dessus montre des inflexions nettes de l'opinion: après le référendum sur le Brexit, les Conservateurs ont clairement le vent en poupe et les Travaillistes s'étiolent. Tout change lors de l'annonce des élections anticipées. Après une brève poussée, les Conservateurs ne parviennent plus à consolider leur avance alors que les Travaillistes fédèrent toute l'opposition - l'affaiblissement de tous les autres partis est patent, des Libéraux-Démocrates aux Écologistes. Cheville ouvrière du vote pour le Brexit, le UKIP, à la fois en proie à des dissensions internes et reposant sur un électorat pensant peut-être la mission accomplie, est en voie de disparition. Impressionnant pour un parti qui rassemblait plus de 15% des intentions de vote l'année précédente!

Les Travaillistes ont autant fait une bonne campagne que celle des Conservateurs était mauvaise. Les premiers axèrent leur communication sur la critique du gouvernement - après trois attentats sur une brève période, les accusations de laxisme à cause d'une diminution du budget de la police firent mouche. Ils rassemblèrent derrière eux tous les déçus du Brexit, notamment les Londoniens qui avaient massivement voté pour rester dans l'Union Européenne, faisant miroiter la possibilité d'un apaisement des relations avec Bruxelles. Ils se reposèrent enfin sur les ficelles socialistes habituelles - plus d'impôts "pour les riches", plus d'argent pour les fonctionnaires du service de santé et des transports publics, etc.

Dans la course à la médiocrité, le peu charismatique Jeremy Corbyn, leader des Travaillistes, eut la surprise de se faire rejoindre par Theresa May. Peu à l'aise dans le contact humain, elle déclina les apparitions publiques et les bains de foule, se contentant de lire des discours préparés et refusant un débat télévisé avec son principal adversaire. Mais les Conservateurs - et Theresa May en particulier - souffrirent aussi de leur responsabilité politique dans les attentats islamistes qui frappèrent le royaume. Avant de diriger le gouvernement, Theresa May était ministre de l'Intérieur sous le gouvernement Cameron ; pendant des années d'aveuglement volontaire sous son égide, l'islamisme radical se développa tranquillement dans les banlieues anglaises jusqu'à produire ses fruits mortels.

Incertitude et faiblesse

Le raisonnement de Theresa May pour convoquer des élections anticipées était parfaitement logique. Seulement, il ne tenait juste pas compte du terrorisme, de la volonté de revanche des déçus du Brexit, ni des piètres performances de candidate du Premier Ministre.

Le Royaume-Uni se retrouve aujourd'hui dans la pire situation possible. En privant les Conservateurs d'une majorité absolue, les sujets de Sa Majesté offrent à Bruxelles des négociateurs affaiblis et divisés. Il est donc probable que les discussions sur la facture du divorce entre le gouvernement anglais et l'UE tournent largement à l'avantage de la seconde. Les nostalgiques du Royaume-Uni dans l'UE n'auront pas gain de cause pour autant - même les Travaillistes ont affirmé que l'article 50 avait été invoqué et qu'il n'était plus question d'y revenir.

En guise de sécurité et de lutte contre l'islamisme, les citoyens anglais viennent de propulser une opposition immigrationniste, multiculturaliste, culpabilisante et prête à tous les compromis avec le communautarisme. Il est aussi probable dans les circonstances actuelles qu'un nouveau vote sur l'indépendance de l'Écosse puisse avoir lieu.

Le vote-sanction a ses limites. Les électeurs britanniques ont beau ne pas aimer Theresa May et bien le lui faire comprendre, ils viennent de se tirer une balle dans le pied à dix jours des négociations du Brexit - et risquent de le payer très cher.

Stéphane Montabert - Sur le Web et sur LesObservateurs.ch, le 9 juin 2017

6 commentaires

  1. Posté par Stephane Montabert le

    J’admets que le terme de Bérézina est un peu fort. Mais en terme d’opération politique, c’est évidemment un échec complet. Mme May tentait de renforcer sa majorité (quelque chose de parfaitement idiot puisqu’elle avait déjà une majorité conservatrice confortable mais passons) et finit avec une majorité de coalition.

    C’est quasiment du même niveau que la dissolution calamiteuse de l’Assemblée Nationale française par Chirac en 1997.

  2. Posté par bigjames le

    Certains journalistes, spécialistes et experts sur la RTS parlaient déjà d une démission de Mme May. N importe quoi….

  3. Posté par Alain Coligny le

    On ne peut parler de bérézina: le Parti Conservateur reste le premier parti en voix et en sièges. Il lui manque une douzaine de sièges que lui fournira le DUP qui a remporté une belle victoire en Irlande du nord, pour avoir une majorité absolue.

  4. Posté par toyet le

    Elle a gagné les élections, mais elle a perdu, du grand n’importe quoi, elle garde le pouvoir. Ce n’est pas comme l’UDC qui gagne les élections pour beurre. Sans compter les initiatives gagnées qui ne sont pas appliquées.

  5. Posté par aldo le

    Il ne suffit pas de singer et d’aboyer avec la presse française à la botte. Montabert Udc, fait-il partie des moutons ? Pourtant c’est plus clair avec des chiffres, http://edition.cnn.com/2017/06/08/europe/uk-election-2017-results-theresa-may/index.html Une majorité absolue est malsaine, puisqu’elle cause des séismes à chaque élection. De pertes oui, mais plus faibles que les gains des travaillistes. De là a attaquer la campagne des conservateurs et la qualifier de Bérézina, il y a un monde. Et quand on voit comment les musulmans noyautent la démocratie avec des migrants rapidement naturalisés par les bons soins des socialo-islamo-fascistes, on ne peut guère s’étonner du résultat.

    Des migrants islamistes qui ne parlent presque pas la langue, dans des ghettos organisés comme des pays étrangers que font-ils aux élections ? Comme en valais ? Ils signent et font remplir les cases par l’imam et ses petites mains. Aboyer ce n’est pas analyser. Ce sont de terroristes islamiques qui ont participé à ces élections: http://lesobservateurs.ch/2017/06/08/le-frere-de-lislamiste-de-londres-recevait-de-largent-de-la-police-pour-combattre-lextremisme/ Avec de tels imbécilités imitées par le pleutre Maudet, il est difficile d’en connaître le nombre réel. http://lesobservateurs.ch/2017/06/09/aeroport-de-geneve-des-cours-pour-deceler-la-radicalisation/ Et quand on a tout sous la main on peut analyser sans problèmes les causes des pertes des Conservateurs: http://lesobservateurs.ch/2017/06/07/le-terroriste-algerien-de-notre-dame-de-paris-etait-doctorant-en-journalisme-a-metz-videos/ C’est encore un fois la presse noyautée, à la botte des quotas.

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