«No Billag»? Évidemment

Editorial de Roger Köppel

La liberté de la presse est garantie.» La Constitution fédérale de 1848 n'en dit laconiquement pas plus. Les pères de cette constitution libérale se retourneraient probablement dans leur tombe s'ils savaient que les Suisses sont aujourd'hui contraints de financer des programmes de télévision et de radio par des taxes obligatoires. Et qu'aujourd'hui 6000 collaborateurs sont déployés et 1,6 milliard de francs est dépensé pour bourrer le crâne des citoyens dans les trois langues nationales de justes convictions de gauche, le tout financé par des impôts quel que soit l’appareil utilisé.

Selon le mandat de prestation du Conseil fédéral, la SSR a, par exemple, l'obligation, comme le dit la NZZ en tournant autour du pot, de promouvoir «auprès du grand public une compréhension de la réalité de la vie» des «personnes issues de la migration». Cela ne relève plus d'une mission d'information objective et factuelle, mais plutôt d'une directive politique. Inversement, la SSR peut toujours se fonder sur l'ordre du Conseil fédéral pour polémiquer contre les personnes qui ne font pas en premier lieu preuve de «compréhension», mais d'une incompréhension face à l'afflux, aussi et surtout, de criminels étrangers qui abusent du droit d'asile.

Certes, l'article 17 de la Constitution fédérale, actuellement en vigueur, continue d'exiger la liberté des médias. Or, il s'applique à la presse écrite et électronique, mais pas à la radio et à la télévision. La position monopolistique de la SSR et/ou de la SRF, qui peuvent bénéficier de la redevance pour les programmes, recouvrée par l’État (et qui, par conséquent, n'ont pas à défendre leur position sur le marché), constitue une intervention qui n’est plus justifiable dans l'ordre économique suisse basé sur la libre concurrence et sur la propriété privée.

L'ancien conseiller fédéral Moritz Leuenberger qualifie les gens qui pensent ainsi de membres d'une «secte ésotérique capitaliste». Je n'ai rien contre le capitalisme. Les piques arrogantes et maussades de l'ancien conseiller fédéral sont l'expression d'un professionnel de la politique, financé toute sa vie par des taxes imposées, qui n'arrive même plus à s'imaginer que le capitalisme constitue le fondement de la prospérité de la Suisse.

Jadis, les médias suisses étaient complètement libres. Ils étaient indépendants du doux poison des subventions et pouvaient donc critiquer en toute indépendance la classe politique. Depuis 1922 – l'année de la fondation de la Radio suisse –, on entendait les vociférations de Mussolini au Sud, auxquelles se sont ajoutées en 1933 celles d'Hitler au Nord. Dans ces circonstances, on peut comprendre dans une certaine mesure que le gouvernement suisse ait voulu avoir sa propre entreprise publique de radiodiffusion pour la défense intellectuelle du pays. Mais aujourd'hui, alors que nous sommes entourés de démocraties et, soi-disant, seulement d'amis, on n'a plus besoin de médias d'opinion financés et contrôlés par l'État.

La SSR est trop puissante. Elle abuse régulièrement de son énorme pouvoir en clouant au pilori des personnes ou des entreprises gênantes. Les erreurs ne sont pas l'exception. Les journalistes de la SSR peuvent même maintenant, à l'instar de la Stasi, fouiner partout avec une caméra cachée aux termes d'un terrible arrêt rendu par la Cour européenne de justice. 340 collaborateurs de la SRF étaient à Sotchi pour les Jeux Olympiques – trois fois plus que les sportifs suisses. 107 collaborateurs de la SSR ont assisté aux projections du Festival du film de Locarno. Les fake news n'ont pas été inventées par Donald Trump. L'émission «Rundschau» joue le juge dans les procès et falsifie des pièces. Elle pratique à nos frais une chasse à l'homme journalistique.

La presse privée et les médias électroniques peuvent, de nos jours, facilement couvrir dans tout le pays les besoins d'information dans toutes les langues nationales. Des opérateurs de médias qui travaillent à niveau local ou régional sont beaucoup mieux à même qu'un radiodiffuseur national de couvrir les besoins de communication concernant l'environnement immédiat des consommateurs.

Le déséquilibre économique de la SSR privilégiée par rapport aux opérateurs suisses financés par la publicité est injuste et choquant. La redevance répartie à des diffuseurs privés est aussi une solution insatisfaisante car elle ne fait qu'accroître le rôle de l'État dans le secteur de la radiodiffusion. En outre, l'idée qui sous-tend ladite répartition – contrairement aux pratiques du marché – n'est pas le succès financier, mais l'échec.

Il est grand temps de nous libérer de la «mission éducative» de l’audiovisuel public SSR qui fait office d'«éducateur de la nation». Le système audiovisuel public en Suisse est l'émanation d'une vision archaïque, patriarcale et paternaliste de l'État. Dans l'histoire, les sociétés libres ont toujours eu des médias libres. Ce sont, au premier chef, les pays autoritaires qui ont jalousement défendu l'hégémonie de l'État dans le secteur de la radiodiffusion. Il suffit de penser au «Volksempfänger», la Radio du peuple du ministre de la propagande Goebbels dans l'Allemagne nazie. Ou à des pays socialistes totalitaires, comme l'ex-Union soviétique ou la RDA, où le gouvernement a régulièrement abusé de son monopole médiatique pour manipuler l'opinion publique. La suppression du service public de la radiodiffusion financé par l'impôt est dans une communauté de citoyennes et de citoyens libres un impératif de notre temps.

Pour ces raisons, la SSR n'a plus sa place dans notre économie de marché moderne et prospère et doit être libérée de toute influence de l'État sur la programmation. Il n'est plus justifiable de restreindre la concurrence dans le secteur de la radiodiffusion par des contraintes arbitraires et de soustraire au libre marché de l'opinion une SSR à but non lucratif qui serait l'unique diffuseur de programmes. Une économie libre remplace, en effet, le contrôle d'une autorité publique par celui de consommateurs avertis. Qui plus est, un diffuseur de programmes privilégié par l’État est toujours exposé au risque d'ingérences politiques et étatiques, ce qui est incompatible avec la liberté des médias.

Les consommateurs avertis seront les seuls à décider du succès ou de l'échec. Une véritable concurrence entre les multiples diffuseurs proches des consommateurs et ayant la souplesse nécessaire assurerait ledit service public à bien moindres frais et nettement plus efficacement qu'un diffuseur public chouchouté par l'État. (Lire également l'opinion divergente de Jürg Altwegg page 32.)

11 commentaires

  1. Posté par Pierre-Henri Reymond le

    Anecdote à propos de l’orientation à gauche et vers nulle part de la TSR. Je suis incapable de vous dire à quelle émission je fais allusion. J’étais soufflé! Une émission traitant de No Billag sur un ton humoristique. A un moment j’entends « une grand messe », ou une autre grand messe ». Dans la fraction de seconde, pour ne pas dire le millionième, je pense à l’UDC. Et ça ne manque pas. On se gausse de l’UDC. Le fait que moi, qui regarde peu la télévision, soit orienté correctement et instantanément par un simple et anodin mot est un symptôme.

  2. Posté par G. Vuilliomenet le

    Le groupe Rouge soutient «No Billag»
    Le groupe de radio et de télévision estime «que la libre concurrence est gage de la diversité».

    http://www.20min.ch/ro/news/suisse/story/Le-groupe-Rouge-soutient–No-Billag–23312512

    Il est certain que les radios/TV arrosées par Billag vont défendre leur beurre en appelant à voter contre No Billag. Il est clair que celles qui se démerdent pour trouver des financements ne peuvent partager leur avis, ils n’ont pas, à vrai dire, un comportement de parasites.

  3. Posté par aldo le

    Il faut toujours RELIER LE OUI à NO-BILLAG, A SWISSCOM, parce qu’il s’agit d’une de ses filiales. Et Swisscom avec le roaming et en matière d’autres rackets et de traitrises, on ne fait pas beaucoup mieux que les autres. Toutes la téléphonie mondiale est devenue la proie de voyous. Pensez donc POURVOIR IMPOSER DES CONTRATS QUI N’OBLIGENT A RIEN, N’ATTIRE QUE DES CRAPULES, POLITIQUES COMPRIS ! Bientôt avec les milliards perdus et soustraits et les planques dans les paradis fiscaux tout va péter. Et qui c’est qui paiera? Encore et encore nous, comme pour CarPostal et tout ce qu’on a pas encore trouvé.

    SI LA TELEPHONIE A AUTANT ETE CHOYEE par nos politicards, c’est que les totalitaires de l’Europe U€RSS avaient promis 1. Que chaque individu serait espionné personnellement par ses appareils, pc, téléphones, modems routeurs etc. 2. En dépit de toutes les restrictions légales, nous avons avec ces appareils un fil à la patte permanents qui dépasse tout ce qu’un simple criminel peut avoir à supporter avec un BRACELET ELECTRONIQUE.

    GRACE A SWISSCOM-BILLAG NOUS SOMMES PRESUMES ETRE DE TRES GRANDS CRIMINELS. Voilà comment L’EUROPE TOTALITAIRE U€RSS A PU CREDIBILISE DE GIGANTESQUES ECONOMIES AVEC L’ABANDON DES FRONTIERES, LA REDUCTION DES EFFECTIFS DE POLICE, DE L’ARMEE ET DES TRIBUNAUX. Et ce cadeau empoisonné exige finalement l’abandon des droits nationaux, problème que personne ne soulève dans ce cas et pour cause, tous complices et traîtres dans attente de rentrer dans l’Europe!

  4. Posté par Jean le

    Si seulement le tout ménage de No-Billag avait pu reprendre ne serait-ce que le 10ème des arguments de Monsieur Köppel … ce n’est hélas pas le cas, malgré le dynamisme des jeunes initiants (que je supporte à 100%), l’argumentation n’est pas à la hauteur du défi.

  5. Posté par Alain le

    Publicité du PS contre sur TV dans les trains RER Vaud.
    Est-ce autorisé ?
    Photos à disposition

  6. Posté par Christian le

    Vengeur, pourquoi un tel mépris du peuple Suisse ? Nos concitoyens ne sont pas des abrutis dénués d’intelligence et capacité d’analyse. Le fait que la grande majorité des citoyens ne partagent pas vos idées ne vous autorise pas à les prendre pour des imbéciles ! Nous vivons en démocatie et chacun a le droit d’agir et de penser, sans se faire insulter! Nous vivons en démocratie et le respect de ses adversaires devrait être un principe partagé par tous!

  7. Posté par Antoine le

    Je voterai OUI à no billag !
    J’ai d’ailleurs déjà reçu mon bulletin de vote par correspondance.
    La concurrence et la compétitivité ! Voilà ce qu’il manque à la RTSocialiste et son monopole !
    Il est INADMISSIBLE de payer une redevance alors qu’on ne consomme pas !
    Je suis extrêmement étonné des arguments des partis qui prônent notre c(K)ulture …
    Cinéma : Un film sur le combat de moutons
    Référence : https://lesobservateurs.ch/2018/02/02/suisse-cinema-le-lausannois-karim-sayad-prime-pour-son-film-sur-les-combats-de-moutons-a-alger-avec-lappel-a-la-priere-musulmane-en-fond-sonore/
    Cela va réjouir env. 200 personnes … culture pour les zélites … payé par TOUT le peuple !

  8. Posté par Heradote le

    Marre de 20 ans de Darius, 19 ans de Mamarbachi, marre du guignol gesticulant et grimaçant qui roule des yeux exorbités, à nos frais ! Maintenant, si les entreprises ne veulent pas payer de redevance,il faut qu’elles se sortent les doigts d….., et vite.

  9. Posté par coocool le

    C’est notre chance ! Votez et faites voter autour de vous pour cette excellente initiative !

  10. Posté par Vengeur le

    Excellent article, malheureusement qui restera sans effet. Car oublier que près de 70% de ce peuple qui habite en Suisse et qui à le droit de voter est singulièrement bêtifier par la propagande gauchiste, bobo et la PEUR,votera contre l’initiative (ce qui j’espère n’arrivera pas). Les mensonges institutionnalisés par ce pseudo gouvernement, les médias dans leurs ensemble, ainsi que toute perte d’indépendance du peuple amènera ce résultat.

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