L’échec de l’Afrique du Sud « post-apartheid »

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De Bernard Lugan :

Images-7"En Afrique du Sud, les fins de mandat des présidents se ressemblent : par un coup d’Etat interne à l’ANC, le vice-président Cyril Ramaphosa a évincé le président Jacob Zuma, lequel avait fait de même avec Thabo Mbeki en 2008. En dehors du fait qu’un Venda va remplacer un Zulu, cette révolution de palais ne changera pas grand-chose dans le pays. A un Jacob Zuma lié au gang indien Gupta, va en effet succéder l’ex avocat-syndicaliste Cyril Ramaphosa. Ce dernier a bâti sa colossale fortune dans les conseils d’administration des sociétés minières blanches au sein desquels il fut coopté en échange de son « expertise » syndicale. En réalité, il fut adoubé par le patronat pour contrer les revendications des mineurs noirs dont il fut le représentant avant 1994 !!!

Le leader révolutionnaire Julius Malema a donc raison de dire qu': « En Afrique du Sud, la situation est pire que sous l’apartheid (et que) la seule chose qui a changé, c’est qu’un gouvernement blanc a été remplacé par un gouvernement de Noirs ». Avec une différence cependant : avant 1994 les Noirs ne mouraient pas de faim, ils étaient gratuitement soignés et éduqués, l’électricité fonctionnait, les pénuries d’eau étaient inconnues et la police faisait son travail…

La présidence de Jacob Zuma s’est donc achevée dans le désastre. Englué dans plusieurs affaires de corruption, le président sud-africain a été pris la main dans le sac d’une gigantesque entreprise de favoritisme d’Etat au profit de la famille Gupta. Une commission judiciaire fut même désignée pour enquêter sur la gravissime accusation de « State Capture » car ces gangsters affairistes avaient réussi à imposer leur droit de regard sur les nominations officielles, ce qui leur avait permis de placer leurs agents à tous les rouages de décision de l’Etat et des entreprises publiques.

Ne nous trompons pas d’analyse, car le départ de Jacob Zuma ne va pas permettre d’ouvrir des fontaines laissant couler le lait et le miel. Contrairement à ce qu’écrivent les journalistes, l’affaire Zuma est en effet, et d’abord, la conséquence de l’incurie du parti gouvernemental ANC, l’arbre qui cache la forêt d’un gangstérisme d’Etat. C’est la faillite de l’ANC qui est mise en évidence à travers elle car, entre 1994 et 2018, le mouvement de Nelson Mandela a conduit le pays vers un naufrage qui se mesure en quelques chiffres :

  • Bien que réalisant ¼ du PIB de tout le continent, l’Afrique du Sud est aujourd’hui devenue un des 5 pays « les moins performants » d’Afrique, juste devant les Comores, Madagascar, le Soudan et le Swaziland.
  • Au mois de mai 2017, l’Afrique du Sud est entrée en récession. Or, en 2000, il fut acté par l’ONU que les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) dont le principal était le recul de la pauvreté, ne pourraient être atteints sans un minimum de croissance annuelle de 7% durant plusieurs années.
  • Le chômage touche plus de 40% des actifs quand les chiffres officiels sont de 25%
  • Le revenu de la tranche la plus démunie de la population noire est inférieur de près de 50% à celui qu’il était sous le régime blanc d’avant 1994.
  • Un habitant sur trois survit grâce aux aides sociales, le Social Grant.
  • A l’exception de l’agriculture, branche encore contrôlée par les Blancs - mais pour combien de temps? -, tous les secteurs économiques sud-africains sont en recul, à commencer par les industries de main d’œuvre (textile, vêtement, chaussures), qui n’ont pu résister aux importations chinoises. Quant aux secteurs de la mécanique dans lesquels, avant 1994, l’Afrique du Sud produisait la majeure partie des pièces dont ses industries avaient besoin, ils sont moribonds.
  • Même les mines ont sombré. Pertes de production et de revenus, plus coûts d’exploitation en hausse constants, ont eu pour conséquence la fermeture des puits secondaires et la mise à pied de dizaines de milliers de mineurs. Pour maintenir la production, il aurait fallu investir des sommes colossales, mais le climat social, la corruption et l’insécurité ont découragé les investisseurs qui ont préféré faire glisser leurs activités vers des pays moins incertains. L’industrie minière est également pénalisée par les coupures de courant à répétition car la compagnie publique Eskom, littéralement pillée par ses nouveaux dirigeants nommés par l’ANC a, de plus, vécu sur l’héritage laissé par le régime blanc et sans procéder aux investissements indispensables. Résultat : les mines qui représentent aujourd’hui 10% du PIB sud-africain, qui emploient 8% de la population active et qui sont le premier employeur du pays avec 500.000 emplois directs, ont perdu plus de 300.000 emplois depuis 1994.

Le soit disant héritage négatif de «l 'apartheid » a, des années durant, servi d’excuse aux dirigeants sud-africains. Or, personne ne peut plus nier qu’en 1994, quand le président De Klerk hissa au pouvoir un Nelson Mandela bien incapable de le conquérir par les armes, il légua à l’ANC la première économie du continent, un pays doté d’infrastructures de communication et de transport à l’égal des pays développés, un secteur financier moderne et prospère, une large indépendance énergétique, une industrie diversifiée, des capacités techniques de haut niveau et la première armée africaine. Force est également de constater que, libérée de l’ « oppression raciste », la « nouvelle Afrique du Sud » fut immédiatement la proie du parti prédateur ANC dont les cadres, aussi incapables que corrompus, eurent comme objectif principal leur propre enrichissement.

La leçon sud-africaine est donc limpide : en 24 ans de pouvoir sans partage, l’ANC a ruiné un pays prospère, le transformant en un Etat du « tiers-monde » dérivant dans un océan de pénuries, de corruption, de misère sociale et de violences. Les gogos occidentaux continueront pourtant à se pâmer devant la figure tutélaire de Nelson Mandela, le chef de l’ANC, tout en continuant à avoir « les yeux de Chimène » pour le fantasme de la « nation arc-en-ciel ». Dans les jours qui viennent, tétanisés par leurs certitudes, les « spécialistes » auto-proclamés vont donc disserter à l’infini sur le remplacement du « maffieux » Zuma par le « vertueux » Ramaphosa. « Vertueux » par définition puisqu’il était prétendument l’héritier préféré de « l’icône » Mandela…

La seule question qui mériterait d’être posée, mais ils ne la poseront pas, ou alors très partiellement, est de savoir comment le nouveau président va pouvoir gérer le naufrage de l’économie sud-africaine, comment il va pouvoir gouverner en étant pris entre des pressions internes et externes contradictoires. Vont en effet se confronter deux plaques tectoniques, celle des milieux d’affaires pro-occidentaux qui ont fait sa fortune et celle des tendances radicales-racialistes lourdes qui constituent le fonds de commerce de l’ANC et des partisans de Julius Malema.

 

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7 commentaires

  1. Posté par Marc Berger le

    Vous dites des choses justes. Mais l’économie allemande tournait bien sous les lois anti-juives. Que les colons blancs utilisaient les Noirs comme de quasi sous hommes ne vous gêne pas ?
    Quand il aurait fallu coloniser en amis et non en exploiteurs, on se prépare à des décolonisations chaotiques. Mais il me semble avoir atterri sur un blog qui “sent  » mauvais…. J’étais un étranger et vous ne m’avez pas accueilli

  2. Posté par pierre frankenhauser le

    Après déjà un ‘B’ vacillant, on peut définitivement retirer le ‘S’ du terme « BRICS ». Sud africaine, la maman de notre Roger national a bien fait de venir vivre en Suisse. Concernant les mines, je sens que la Chine va aller y faire son shopping et y employer des ouvriers chinois payés au lance-pierre. Le déclin de ce pays africain me fait penser à un autre situé à l’autre extrémité du continent: l’Algérie, au sous-sol également riche (pétrole). Depuis que les Français en ont été chassés comme des malpropres, ce pays est redevenu une porcherie géante et un pays presque sous développé.

  3. Posté par Tommy le

    Je suis prêt à autoriser tous les Sud-Africains BLANCS à remigrer vers l’Europe ou les USA .
    Et à laisser le pays en décomposition avancée aux aborigènes et aux zoulous.
    On verra bien le résultat dans quelques années.
    Seul Johnny Clegg y restera , quoique quelques mois ….

  4. Posté par Antoine le

    Je cite : »En Afrique du Sud, la situation est pire que sous l’apartheid … »
    Il est devenu évident que les gouvernements successifs qui se sont succédé au pouvoir ne l’ont fait que pour leur profit.
    L’ANC est responsable à 100% de ce gâchis …
    Celui qui cherche des excuses est un faux-fuyant qui devrait faire face aux problèmes : Gestion, corruption, manque de rigueur, pas de volonté sur la durée … mentalité fataliste …

  5. Posté par Nicolas le

    Ce que l’on observe en Afrique évoque la question politiquement très incorrecte de savoir si l’espèce humaine a évolué en quittant ce riche continent pour des contrées moins généreuses, où si ce sont ses éléments les plus intelligents qui ont émigré en laissant les plus cons sur place. Sachant que dans un cas comme dans l’autre le résultat est le même, elle aura au moins le mérite d’exaspérer les bien-pensants.

  6. Posté par Aware le

    Pour rappel : A l’époque de l’Apartheid, les africains des pays voisins immigraient en masse dans le pays, dans « l’enfer » dirigé par les blancs.
    En 1911, le pays comptait environ 6 millions d’habitants, 54 millions en 2014 (chiffres wiki).

  7. Posté par Le Taz le

    C’était couru d’avance, le seul pays d’Afrique qui était dirigé par des blancs était prospère, nous pouvons constater l’évolution depuis que les noirs ont pris le pouvoir! Les gauchistes vont hurler au racisme, non ça n’est qu’un constat irréfutable!!!

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