De notre correspondante à Beyrouth. C’est un concert de protestations qui a fait écho ce dimanche à une initiative pour le moins malheureuse du maire de Jounieh et président de l’Union des municipalités du Keserwan, Juan Hobeich : lors d’une cérémonie organisée dans le cadre déjà houleux de la campagne électorale pour les législatives, ce dernier a remis au secrétaire général du Hezbollah, par les mains de son candidat dans la région, les clefs de cette région profondément chrétienne où se trouvent le sanctuaire de Notre Dame du Liban, la Nonciature Apostolique, les patriarcats maronite et syriaque catholique, des basiliques arméniennes et grecques orthodoxes ainsi qu’un très grand nombre de paroisses et de couvents maronites.
Dans l’histoire plusieurs fois millénaire du Liban, cette région a toujours été un haut lieu de la résistance chrétienne, ce qui avait fait dire au numéro 2 de l’OLP en 1976 que « la route de la Palestine passe par Jounieh », laissant ainsi entendre qu’avant de libérer Jérusalem, les milices palestiniennes avaient clairement l’intention de soumettre le pays chrétien.
La quasi-totalité des responsables politiques se sont vigoureusement opposés à cette démarche, à l’exception remarquée du général Chamel Roukoz, gendre de Michel Aoun et candidat aux législatives. Nadim Gemayel, fils du président assassiné Bachir Gemayel, a rappelé depuis la cour du Patriarcat maronite que « de nombreux martyrs ont donné leur vie pour préserver l’identité du Liban. Il est inacceptable que quiconque remette les clefs de la cité à un parti qui nous considère comme des envahisseurs. Nous avons payé un prix très élevé pour défendre cette terre qui ne saurait être bradée. » Les déclarations se sont succédé : « Les clefs du Keserwan sont entre les seules mains du Patriarche », « Les clefs appartiennent à la Sainte Vierge ».
Le président du parti Kataeb Samy Gemayel a déploré l’incident en soulignant qu’il est une suite logique de l’accord global ayant permis il y a deux ans l’accession au pouvoir de l’actuelle présidence de la république et qui « a marqué le début de la remise des clefs du Liban tout entier entre les mains du Hezbollah ».
Pressé de questions, Juan Hobeich, pourtant un rejeton d’une des trois grandes familles garantes du Patriarcat maronite même devant Rome, s’est refusé à donner une explication détaillée de son geste, disant qu’il a été « poussé » à le faire. Par ailleurs, au Sud Liban, le journaliste indépendant Ali-Al Amine, candidat chiite indépendant et principal opposant à la liste du Hezbollah à Bint Jbeil, a été attaqué et roué de coups par une quarantaine de militants affiliés à la milice chiite alors qu’il collait des affiches. Une plainte est en cours.
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